Bondola, Bondoletta, Lambrusca di Alessandria, Mossana... autant de cépages historiques du Tessin et aux consonnances bien plus italiennes que le fameux Merlot. Ces cépages composaient la grande majorité des vignes du Tessin...jusqu'à l'apparition du Merlot en 1906 !
Cette transformation radicale de l'encépagement tessinois n'est pas unique, elle a aussi eu lieu ailleurs en Suisse et en Europe. Elle a pour origine trois maladies aujourd'hui bien connues des vignerons, qui sont apparues en Suisse durant la deuxième moitié du XIXe siècle : l'oïdium, le mildiou, et surtout le phylloxéra, un puceron d'origine américaine.
La solution pour combattre le phylloxéra était de greffer tous les ceps de vigne sur des porte-greffes américains. Ces derniers ont longtemps cohabité avec le phylloxera, ils ont donc développé une résistance naturelle à ce parasite.
Dans le vignoble tessinois, on a alors profité de cette occasion pour changer quasi-intégralement d'encépagement et on s'est tourné massivement vers le Merlot. C'est un cépage facile à cultiver, plutôt résistant (mais tout de même sensible au mildiou), qui apprécie les sols peu arides et le climat du Tessin. Sa capacité à donner de grands vins a été prouvée dans le vignoble bordelais et à l'international.
Au Tessin, il donne de beaux vins rouges concentrés et fruités, des crus ensoleillés, en rouge comme en blanc, dont le potentiel de garde peux être élevé, selon le millésime et la méthode d'élaboration. Il est devenu l'un des vins suisses ayant la plus grande notoriété. Les Suisses allemands en sont les plus grands amateurs.
Les vignerons tessinois pensent déjà à l'après-Merlot ! La nouvelle menace pesant sur le vignoble suisse n'est autre que le réchauffement climatique. Certains vignerons commencent déjà à planter des cépages à maturité plus tardive afin d'obtenir des fruits de grande qualité, même avec des températures plus élevées. Des cépages ancestraux qui se sont acclimatés durant de nombreuses décennies font leur retour, et des cépages résistants aux maladies profitent d'un regain d'intérêt de la part des vignerons privilégiant la culture biologique. |
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